Les principaux édifices  (du Nord au Sud de l'Alsace)



Altenstadt


Proche de Wissembourg, l'église Saint Ulrich s'ouvre par une tour-porche, érigée dans la seconde moitié du XIIe siècle, ornée de bandes lombardes. La nef, plus ancienne, remonte au XIe siècle, voire au début du XIIe siècle, l'analyse de la taille des pierres l'attestant.

Le portail, véritable mystère, dégagé à l'origine, présente dans son linteau une transposition dans la pierre d'un motif tissé ou brodé sur étoffe. On distingue dans les médaillons, la main de Dieu entre deux brebis (apôtres Pierre et Paul). L'inscription gravée sur la cimaise invite le visiteur à demander à l'abbé Liuthard, qui dirige Wissembourg de 1002 à 1032, l'autorisation de pénétrer dans cet enclos monastique. On suppose que ce portail provient de la prévôté Saint Etienne, détruite en 1528, ou de l'abbatiale même de Wissembourg, reconstruite à l'époque gothique.




Wissembourg


Wissembourg est l'une des quatre abbayes du Saint Empire fondée en 660.

L'Eglise Saints Pierre et Paul conserve sa remarquable tour-clocher de la seconde moitié du XIe siècle, d'allure massive sans ressauts, ni bandeaux, animée par des baies. C'est le seul vestige des travaux entrepris par l'abbé Samuel (1056-1096).

Le Christ de Wissembourg, vitrail aujourd'hui conservé au Musée de l'Oeuvre Notre Dame de Strasbourg, est l'un des vitraux les plus anciens d'Europe. Découvert en 1880, il provient vraisemblablement de l'abbatiale consacrée en 1033, agrandie et embellie vers 1070 par l'abbé Samuel.



Surbourg


Au Xe siècle, une partie des reliques de Saint Arbogast est transférée de Strasbourg à Surbourg.

Cette translation entraînera, dans la seconde moitié du XIe siècle, la construction de l'église Saint Arbogast, véritable prototype, tant par son plan que par les supports de la nef.

Trois transformations altèrent la lisibilité du plan,

- reconstruction de l'abside centrale à la fin du XIIe siècle,

- adjonction d'une sacristie au XVe  siècle,

- prolongation de la nef par une sorte de transept occidental au XIXe  siècle.

La nef et le transept sont d'égale hauteur et largeur, la croisée est accentuée par des arcs supportant le couronnement massif d'une tour carrée.

Pour la première fois, l'alternance de piliers carrés et de colonnes à chapiteau cubique est utilisée pour séparer la nef centrale des bas-côtés.




Neuwiller les Saverne



Les reliques de Saint Adelphe, évêque de Metz, sont transférées à Neuwiller par l'évêque Drogon en 836. Le pèlerinage suscité par les reliques est à l'origine du rayonnement de l'abbaye.

Haut lieu de pèlerinage, l'église Saints Pierre et Paul porte la marque des chantiers successifs, du XIIe siècle aux restaurations du siècle dernier.

L'ensemble roman se compose principalement :

- d'une chapelle basse avec une nef à quatre travées, flanquée de bas-côtés, le voûtement d'arêtes reposant sur six

  colonnes monolithes.  

- d'une chapelle haute, véritable basilique avec nef centrale à peine plus large que les collatéraux. Cette chapelle

  recèle les magnifiques tapisseries du XVIe siècle retraçant la vie de Saint Adelphe.

- la partie centrale du choeur de l'église repose sur une confessio, petite chambre rectangulaire voûtée en berceau qui

accueillait les reliques d'Adelphe déposées sur un autel aujourd'hui disparu.

Edifiée à proximité de Saints Pierre et Paul, l'église Saint Adelphe est bâtie entre 1190 et 1230, pour déposer les saintes reliques et accueillir les pèlerins devenus trop nombreux, perturbant la quiétude des religieux. L'édifice témoigne de l'introduction des techniques gothiques en Alsace. Sa nef, voûtée d'ogives, respecte le goût roman pour les surfaces murales. Il ne subsiste rien du choeur roman et du choeur gothique qui l'a remplacé.

L'espace roman aménagé dans la salle capitulaire de l'ancienne abbaye de Neuwiller présente le thème de la vie religieuse à l'époque romane. Un ensemble de documents iconographique et de textes révèle l'importance du pouvoir religieux, l'influence des abbayes et la pensée religieuse d'alors.




Saint-Jean-Saverne



Saint-Jean-Saverne est une fondation de l'abbaye Saint Georges en Forêt Noire vers 1150. Elle accueille une communauté de moniales bénédictines qui dépend de la maison mère.

L'église Saint-Jean Baptiste se compose de trois vaisseaux, sans transept, clos par des absides alignées, couvertes de voûtes coupoliformes sur les absidioles Nord et Sud et de voûtes sur croisée d'ogives dans le choeur.

Les ogives des voûtes du choeur des religieuses retombent sur des culots sculptés de masques humains, tandis que dans l'église des laïcs, les départs reposent sur des colonnes. Cette différence est appuyée par des ouvertures triples dans le choeur et par des fenêtres uniques dans la nef, le décor suivant la même ordonnance.

Le tympan de la porte de la sacristie est orné d'un agneau pascal, entouré de rosettes et d'arbres stylisés, symboles du paradis.

A l'extérieur de l'église, seule l'abside centrale possède un décor soigné qui montre des scènes animalières et des visages humains (représentation des quatre évangélistes).



Marmoutier




Fondée à la fin du VIe siècle l'abbaye de Marmoutier est au centre d'un vaste territoire  de terres arables et de forêts.

Plusieurs édifices se succèdent à Marmoutier. Les restes de l'église, construite sous l'abbatiat de Maur, sont visibles dans la crypte archéologique.

Le splendide massif occidental de l'église Saint Martin, date du milieu du XIIe siècle et est désigné comme la réplique fidèle de la dernière en date de l'église-porche carolingienne : une tour centrale encadrée par deux tours latérales plus petites. La façade est ornée de frises et de bandes lombardes, de baies réparties avec un sens exceptionnel des proportions et de sculptures intéressantes dont un monstre tricéphale. Un vaste narthex, aux colonnes monolithes surmontées de chapiteaux cubiques décorés de motifs floraux stylisés, s'ouvre sur une nef gothique.

La crypte archéologique présente les vestiges de trois édifices pré-romans qui se succèdent sur le même emplacement. Dans une vitrine réservée au mobilier funéraire, deux sarcophages du VIIIe siècle sont présentés, l'un en calcaire, l'autre en bois.



Obersteigen



Le monastère d'Obersteigen est fondé vers 1221 par l'abbesse Edwige, à la frontière orientale du domaine de l'abbaye d'Andlau avec le comté de  Dabo.

De dimension modeste, la chapelle de l'Assomption de la Vierge se compose d'une simple nef à trois travées, fermée par un choeur pentagonal. L'ensemble est voûté sur croisées d'ogives proche d'arcs en plein cintre. A l'extérieur, des contreforts annulent la poussée des voûtes. La façade est aménagée d'un portail à ressauts, surmonté de voussures en plein cintre, soutenues par des colonnettes à chapiteaux à crochets.

La chapelle témoigne dans certaines de ses formes, des débuts de l'architecture gothique, ce qui en fait un jalon important dans la pénétration de cet art en Alsace.




Strasbourg



La capitale alsacienne possède maints fragments de l'époque romane. Sa somptueuse cathédrale gothique abrite notamment une crypte voûtée, vestige de la cathédrale romane du XIe siècle. L'église Saint Etienne conserve des parties du XIIe siècle. La façade de l'église Saint Thomas, du début du XIIIe siècle, dénote la transition entre les deux styles médiévaux. L'église catholique néo-romane Saint Pierre le Jeune illustre l'interprétation de ce style par les architectes du siècle dernier.

Le musée de l'Oeuvre Notre Dame abrite des éléments de très haute valeur de l'art roman alsacien provenant entre autres, de sites de la Route Romane, parmi lesquels le vitrail dit du "Christ de Wissembourg", un des plus anciens d'Europe, les élément du cloître d'Eschau, une série de cuves baptismales...



Eschau


En 770, l'évêque Rémi de Strasbourg fonde un petit monastère de moniales sur l'île d'Eschau et dépose le corps de Sainte Sophie, sa patronne, dans la basilique qu'il construit et qu'il dédie à Saint Trophime. Avec une construction décidée avant l'an mil, l'ancienne abbatiale Saint Trophime porte la marque du premier art roman alsacien, héritage ottonien. Elle séduit par l'évidence de son parti architectural basé sur un plan basilical à trois nefs, un transept bas ouvert de fenêtres et une abside semi-circulaire voûtée en cul de four.

Lors de fouilles réalisées en 1866 et 1917, des fragments du cloître érigé en 1130 sont recueillis (fûts de colonnes, chapiteaux, sommiers et claveaux d'arcs) et remontés en une suite d'arcades au musée de l'Oeuvre de Notre Dame de Strasbourg. On peut admirer les magnifiques sculptures des chapiteaux représentant des scènes telles que l'Annonciation, la Nativité, l'Annonce aux Bergers, le Baptême du Christ, la Présentation.

En sortant de l'abbatiale, le jardin monastique situé de l'autre côté de la route complétera la visite d'Eschau.




Rosheim



En 1051, le pape alsacien, Léon IX, confirme les biens du monastère de Hesse, parmi lesquels figure l'église inférieure (Niederkirch) qui n'est d'autre que Saints Pierre et Paul.

En 1150, on ouvre le chantier de l'église Saints Pierre et Paul, devenue trop étroite, pour la remplacer par un édifice plus vaste. Le cimetière, entourant l'église, sert parfois de lieu de juridiction. Joyau de l'art roman alsacien, l'église Saints Pierre et Paul exprime la plénitude artistique atteinte au XIIe siècle. La clarté du plan basilical s'associe à celle de la façade dont la composition traduit les parties internes. Dans la nef, les voûtes d'ogives signalent l'influence de techniques nouvelles tandis que l'alternance des supports de la nef, piliers cruciformes et colonnes monolithes, tronconiques, témoigne de la fidélité à l'espace roman.

L'atelier de Rosheim occupe, dans la sculpture romane alsacienne, une place de choix par la variété et la nouveauté de ses réalisations. On remarque notamment le tétramorphe sculpté qui orne l'extérieur du chevet où des quatre symboles des évangélistes, trois seulement subsistent : le lion, le taureau et l'aigle. L'ange est encore discernable.



Andlau


Richarde, épouse de l'empereur Charles le Gros, fait ériger vers 880 l'abbaye d'Andlau, à l'entrée d'une étroite vallée, destinée à des moniales.

Tous les styles ont laissé des traces sur l'édifice en partie reconstruit au XVIIe  siècle. Mais l'église Saints Pierre et Paul doit sa célébrité à sa crypte, au portail sculpté et à la frise historiée de la première moitié du XIIe siècle.

Composée de deux parties, la crypte est édifiée en deux campagnes, entre 1030 et 1100. Le voûtement est supporté par des colonnes monolithes et des piliers carrés.

Le portail, par la richesse de son décor, est une des pièces maîtresses de la sculpture romane en Alsace. La composition converge vers le tympan où le Christ trônant remet une grande clé à Saint Pierre et un livre à Saint Paul. Ce groupe est encadré de scènes de chasse.

Sur les pilastres flanquant les montants, des couples en conversation animée, se montrant la scène du tympan, représentent les bienfaiteurs de l'abbaye.

La frise historiée qui couronne l'imposant soubassement qui abrite le porche, raconte des combats et des chasses, montre des animaux et des monstres peuplant de lointaines contrées et les profondeurs des mers.



Epfig



Au Moyen Age, la bourgade d'Epfig est avoisinée par deux hameaux dotés chacun d'un sanctuaire. seul l'un d'eux est conservé, la chapelle romane Sainte Marguerite.

Bâti au XIe siècle, l'édifice révèle un compromis entre le plan centré et la plan basilical. De l'extérieur, tout semble s'ordonner autour de la massive tour carrée placée au point de rencontre des quatre ailes recouvertes de toitures identiques.Les bras formant la croix sont couverts de voûtes en berceau en plein cintre, le carré du transept est voûté d'ogives. Un arc triomphal sépare la nef des laïcs du choeur liturgique.

Au XIIe siècle, la chapelle est augmentée d'une galerie-porche coudée, soutenue par des colonnettes dont la finesse contraste avec l'évasement des chapiteaux. Ces chapiteaux cubiques sont surmontés de tailloirs allongés, profilés en console, destinés à rattraper l'épaisseur des murs.

En Alsace, la galerie-porche est un élément rare à l'époque romane.



Sélestat


En 1087, Hildegarde, veuve de Frédéric de Büren, fait élever une chapelle placée sous l'invocation du Saint Sépulcre et consacrée par son fils, l'évêque Othon de Strasbourg. En 1092, Othon, Frédéric et Conrad de Hohenstaufen, de retour d'un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, font étape à l'abbaye de Conques. Ils proposent à leur mère Hildegarde, de faire don de la nouvelle chapelle aux moines de Conques, en Rouergue, qui les avaient impressionnés par leur ferveur.

En 1094, les moines de Conques s'installent à Sélestat et le prieuré reçut de la maison mère, le nom de Sainte Foy.

L'église actuelle de Sainte Foy n'est plus celle donnée à Conques par Hildegarde et ses fils. Reconstruit dans la seconde moitié du XIIe siècle sur le même emplacement, l'édifice est de plan basilical. Il possède une nef à trois travées bordées de collatéraux, un transept à bras peu saillants qui s'ouvrent sur un choeur flanqué de chapelles latérales, l'ensemble fermé par des absides.

A l'Ouest, la nef est précédée d'un porche enserré entre deux clochers. Sur la croisée s'élève une puissante tour octogonale coiffée d'une flèche qui domine l'ensemble.

Les décors des chapiteaux et des bases de colonnes intérieures sont extraordinairement riches et variés. Les sculptures représentent des têtes d'hommes barbus, d'animaux (lion, taureau, bélier, dragon), des personnages agenouillés ou affrontant des animaux.

Le seul intérêt de ces sculptures de facture rustique sont les sujets traités. Ils révèlent une forte inspiration des bestiaires et cosmographies médiévales.

Une crypte, voûtée d'arêtes, est aménagée sous la croisée et accessible de chaque côté du choeur pour permettre une circulation à sens unique dans ce qui est une reconstitution du tombeau du Christ, le Saint Sépulcre.




Sigolsheim


Construit à l'extrême fin du XIIe siècle, l'édifice est fortement restauré après les combats de l'hiver 1944-1945.

Le transept non saillant de l'église Saints Pierre et Paul reste dans l'alignement des bas-côtés, tandis que l'abside primitive, déborde en largeur le vaisseau central de la nef.

En 1837, la nef est rallongée de plus de 11 mètres, entraînant la reconstruction de la façade à l'identique. Le décor du portail se concentre autour de la remise des clés et du livre à Pierre et Paul. Agenouillés sur les côtés, les donateurs sont représentés, l'un, noble portant le nom d'Ulricus, l'autre, vigneron, faisant l'offrande du vin.




Kaysersberg


Un conflit entre Frédéric II de Hohenstauffen et le Duc de Lorraine entraîne la construction des remparts de Kaysersberg, en 1227. La construction de l'église de la Sainte Croix ne saurait être antérieure à celle de la cité.

L'ordonnance primitive de l'église de la Sainte Croix est méconnaissable à la suite des transformations du XVe siècle. Il ne subsiste de la période romane que les trois travées de la nef centrale et de la croisée. La forme des piliers et le décor végétal des chapiteaux et des impostes indiquent une tendance archaïsante encore plus marquée au portail : voussures en plein cintre séparées par des boudins, chapiteaux et impostes chargés d'aigles, de sirènes, de palmettes et de rinceaux.

Le Couronnement de la Vierge constitue le thème principal du tympan. Contrairement à la formule traditionnelle, la Vierge est assise à la gauche du Christ, en présence des archanges Michel et Gabriel.



Gueberschwihr


Signe de richesse du terroir, de nombreux ordres religieux ont des possessions sur le territoire de Gueberschwihr.Les nobles, aussi, apprécient le site et sont nombreux à y fixer leur résidence au XIe  siècle. Parmi eux, Boucard fonde l'abbaye de Marbach en 1120 et fait peut être construire l'église de Gueberschwihr au début du XIIe siècle.

Située dans un cimetière autrefois fortifié, l'église Saint Pantaléon ne subit que peu de transformations jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Construite sur un plan cruciforme, une nef appuyée par deux collatéraux, est couverte de voûtes d'arêtes.

Le choeur accompagné de deux chapelles latérales fermées par des absides, s'élève au dessus d'une crypte. Une tour , haute de 36 mètres, couronne la croisée de transept. Son décor est remarquable par l'étagement croissant des baies géminées et triplées.

En 1835, l'église devenue trop petite, le choeur, les absidioles, les collatéraux et la crypte sont détruits.

En 1875, un nouvel agrandissement devient nécessaire ; tout est démoli, à l'exception de la tour et du croisillon Nord. Une nef, plus vaste, est placée sur le côté Sud, à l'écart de l'ancienne tour de croisée transformée en campanile.



Lautenbach


Les origines de Lautenbach sont obscures. La tradition veut que l'abbaye ait été fondée par les moines irlandais installés en l'abbaye d'Honau, au Nord de Strasbourg.

De l'abbaye carolingienne, il ne reste que peu de fragments. La collégiale Saints Michel et Gangolphe, présente un plan cruciforme. La nef, partie la plus ancienne de l'édifice (1080-1100), est marquée par une alternance de colonnes et de piliers carrés tandis que le choeur, à chevet plat, est aménagé en 1270, probablement à l'emplacement du choeur roman.

De la construction primitive du massif de façade, il ne reste que deux étages, celui du porche et celui de la tribune. Quatre piliers et colonnes, surmontés de chapiteaux ornés de palmettes et de rinceaux, supportent les voûtes sur croisées d'ogives. Le tympan, aujourd'hui martelé, était sculpté d'un Christ trônant dans une mandorle, entre Saint Michel et Saint Gangolphe.



Murbach



Vers 726, Eberhard, petit-fils d'Aldéric duc d'Alsace, fonde un monastère au pied du Grand Ballon, dans le vallon de Murbach. Il ne subsiste de la puissante abbaye du XIIe siècle qu'un tronçon de l'église, le choeur et les tours orientales. Le transept de l'ancienne abbatiale, aujourd'hui l'église Saint Léger, déborde largement du chevet plat encadré par deux chapelles étroites et hautes. L'ordonnance de la façade du choeur est d'une composition parfaite. Les six fenêtres, se répartissant sur deux étages dans le mur du chevet, sont surmontées d'une galerie aveugle dont les arcatures reposent alternativement sur des consoles et colonnettes rondes ou cannelées. Tout un décor de têtes d'animaux, de personnages, de motifs géométriques vient animer le chevet. Le pignon, souligné par un double cordon à damier, se termine par des rampants bordés d'arcatures lombardes étagées. Les croisillons présentent le même décor d'arcatures et de lésènes , le tympan de la porte du croisillon Sud est orné de deux lions s'affrontant dans un encadrement de rinceaux et de palmettes, en faible relief. L'accès au choeur et au transept, par le croisillon Nord, déroute le visiteur par l'élévation intérieure totalement perturbée par la disparition de la nef.



Guebwiller



Guebwiller est une fondation de la puissante abbaye de Murbach. La construction de l'église Saint Léger vient remplacer une modeste chapelle. L'édifice actuel n'est achevé qu'entre 1230 et 1235.

Un vaste porche est dominé par deux clochers. Une nef de trois travées doubles est flanquée de bas-côtés. Le transept dépourvu d'absidioles est surmonté d'une tour de croisée octogonale. Une abside à cinq pans remplace en 1340, un chevet plat.

La façade est remarquable. De puissants contreforts épaulent le soubassement entièrement évidé et la superposition de plusieurs étages des tours accentue l'effet d'élancement. Les flèches des tours portent l'empreinte bourguignonne mais le décor est tributaire de l'art roman rhénan. Des arcatures soulignent les corniches et les étages. Au centre, on remarque une double rangée d'arcades aveugles dont celles du haut est tapissé d'une résille de losanges en relief.Le grand portail est surmonté d'une vaste archivolte à ressauts ornées de palmettes et de perles, les boudins retombant sur des colonnettes dégagées du mur. Les sculptures du tympan représentent la Vierge et Saint Léger trônant aux côtés du Christ.

L'espace roman aménagé au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville de Guebwiller, illustre trois aspects fondamentaux de l'art sacré de l'Alsace romane. L'évolution de l'architecture, les techniques et la symbolique de la sculpture, l'ensemble des formes d'art sont traités à partir d'illustrations, de légendes et d'éléments de sculptures.



Ottmarsheim


En 1030, Rodolphe d'Altenbourg installe sur son domaine d'Ottmarsheim, un monastère dédié à Sainte Marie et destiné à des bénédictines. En 1049, Léon IX consacre l'abbatiale, accorde aux moniales la protection du Saint Siège.

L'ancienne église monastique Saints Pierre et Paul est un monument précieux pour la connaissance de l'art roman au XIe siècle. Par son plan centré octogonal, elle imite la chapelle palatine d' Aix la Chapelle, s'inspirant des sanctuaires plus lointains d'Italie . De nombreuses modifications sont venues altérer l'architecture primitive de l'église, si bien, que des constructions romanes, seul le tambour octogonal nous est parvenu. Le plan est des plus simples : deux octogones concentriques sont prolongés à l'Est par le choeur carré. Au rez-de-chaussée, des arcades surbaissées s'ouvrent sur le déambulatoire. Les hautes arcades en plein cintre de l'étage des tribunes sont subdivisées, en bas, par des colonnes en trois parties de dimensions identiques et au dessus, d'autres colonnes partagent le tympan évidé. Les fûts monolithes des colonnes portent des chapiteaux sans décoration. Les champs carrés de la tribune sont couverts de voûtes en berceau tandis que dans les angles de l'octogone, on retrouve des voûtes triangulaires analogues à celles du rez-de-chaussée.



Feldbach



Feldbach est un prieuré clunisien fondé par le comte de Ferrette à la suite d'un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle. Dédiée à la Vierge Marie et à Saint Jacques, l'église sert de sépulture au fondateur et à ses descendants. Ce prieuré est dirigé par l'abbaye de Cluny.

En plan, l'église Saint Jacques présente la forme d'une basilique à trois nefs, terminée à l'Est par une abside principale, les absidioles latérales sont détruites. La nef est bordée d'arcades supportées par quatre colonnes du côté occidental et six piliers du côté oriental.

Mais l'église tire sa particularité de son usage partagé entre les moniales et les fidèles. Un mur transversal partage la nef en deux ainsi que les bas-côtés. Côté choeur, les stalles des religieuses s'appuient sur le mur tandis que l'avant-nef est réservée aux laïcs. La forme et le rythme des fenêtres soulignent la destination des trois parties : nef des laïcs, choeur des bénédictines et sanctuaire flanqué de chapelles.

Le décor de Felbach se distingue des édifices du XIIe siècle en Alsace par des chapiteaux à feuillage inspirés du style corinthien, ornés de cartouches remplis de sculptures en méplat. On retrouve des parallèles en Franche Comté et en Bourgogne.